Fin 2004, l’amvpac, la ville de Calais, les élèves de BTS force de vente du lycée Sophie-Berthelot se sont associés pour lancer une souscription dans le but de trouver les fonds nécessaires à la restauration de cette sculpture.
Le devis était de 17 667,31 euros.
Les dons récoltés au niveau local furent, ne le cachons pas, décevant soient 1 290,39 euros.
Cette somme provient pour moitié de Calaisiens (parmi eux cinq commerçants), des amis du musée, le reste des dons provient du Boulonnais, de la France entière et même d’outre-mer.
Mais sans la contribution généreuse, de 15 260 euros, versée par un mécène Calaisien, qui a souhaité garder l’anonymat, l’oeuvre n’aurait jamais pu être restaurée.
Les travaux de restauration pouvaient enfin démarrer !
Détails avant restauration
Les deux restauratrices parisiennes, Virginie Deschamps et Renée Perea venaient (pour une durée estimée à trois semaines) de commencer ce travail dans les réserves même du musée de Calais.
Extrait de la note de synthèse des deux restauratrice :
Objet
Groupe sculpté du XVIIe siècle représentant la Mise au Tombeau. L’ensemble est composé de 7 statues en pierre calcaire recouvertes d’un badigeon gris et conservées dans les réserves du musée des beaux-arts et de la dentelle de Calais. La restauration de cet ensemble s’inscrit dans le cadre de sa nouvelle présentation dans une niche de l’église Notre Dame de Calais avec une reconstitution du tombeau en pierre.
Dimensions :
Christ (L : 1,22 m / l : 0,30 m),
Ste femme au pot (L : 0,80 m / l : 0,32 m),
Ste femme mains jointes (L : 0,82 m / l : 0,40 m),
St Joseph d’Arimathie (L : 1,16 m / l : 0,32 m),
Nicodème (L : 0,98 m / l : 0,33 m),
Vierge (L : 0,84 m / l : 0,40 m),
St Jean (L : 0,67 + 0,23 m / l : 0,38 m).
Ainsi la pierre tombale sur laquelle repose le christ pourrait avoir pour dimensions minimales : H : 0,25 m / L : 1 ,50 m / l : 0,35 m.
Etat de conservation
L’état de conservation du groupe semble s’être dégradé depuis 1939-1945, date à laquelle il était encore présenté dans l’église. On constate en effet un empoussièrement général, quelques éléments cassés (les pieds du Christ notamment), des bouchages vieillis et des restes de plâtre de scellement liés à l’ancienne présentation. Mais ce sont principalement les traces d’auréoles, la pulvérulence des surfaces et le déplacage du badigeon, liés à une exposition aux intempéries, qui semblent les plus préoccupantes. En effet, une analyse de la poudre recueillie à la surface du Christ indique une proportion importante de sels dont la sortie semble avoir été favorisée par le changement d’environnement climatique de l’oeuvre. L’état de dégradation du Christ semble être la plus avancée, probablement en raison de sa position horizontale, plus sujette à la stagnation de l’eau. On relève enfin quelques restes de polychromie ainsi qu’un bouche-pore jaune.
Traitement
Dans un premier temps les oeuvres ont été dépoussiérées au pinceau sous aspiration. Le badigeon gris qui les recouvrait et empattait les volumes a été supprimé au scalpel après ramollissement préalable. La pierre a ensuite été consolidée par application d’un silicate d’éthyl. Enfin le dessalement des oeuvres a été réalisé par l’application successives de compresses de pulpe de cellulose imbibées d’eau déminéralisée. Les sels présents dans la pierre ont ainsi été dissous dans l’eau déminéralisée et après assèchement des compresses, ils sont restés emprisonnés dans la pulpe de cellulose.
Après les travaux réalisés dans le niche de l’église, le groupe a été reposé : les saintes femmes et Saint Jean à l’arrière, Joseph d’Arimathie et Nicodème sur deux avancées latérales et le Christ, placé sur un tombeau en pierre. Les finitions ont été réalisées sur place : petits bouchages et collages puis retouches à l’aquarelle.
Conclusion
La restauration du groupe a permis de stopper la dégradation de la pierre et de redécouvrir la finesse des détails sculptés : manches à crevé, turbans, boutons, barbes ondulantes et musculature sensible.
Elle a aussi redonné aux Calaisiens la possibilité de se réapproprier un groupe à l’iconographie rare et inaccessible depuis 50 ans.
La restauration de la niche et du socle :
La restauration de la niche et la réalisation du socle ont été confiées à la société Sotrasen, dirigée par Jacques Melin.
« A l’origine, le Saint-sépulcre se trouvait dans la nef latérale, très en hauteur » précisait Monsieur Dominique Darré, secrétaire de l’amvpac, autrement dit pas très visible. Cette fois ci, c’est une niche du transept Saint-Jacques, beaucoup plus accessible au public, qui recueilleras la mise au tombeau.